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Connaissez-vous l’Impact Factor ?

Posté le 10 Fév, 2021 dans Actualités | 0 commentaires

Connaissez-vous l’Impact Factor ?

Nature, The Lancet, Science, PLoS one, New England Journal of Medicine (NEJM), British Medical Journal (BMJ), Journal of the American Medical Association (JAMA) ou encore Cochrane. Si vous vous intéressez à minima à la littérature scientifique, vous avez certainement déjà entendu parler de ces revues. Elles font en effet partie des journaux scientifiques les plus prestigieux. La majorité des chercheurs souhaitant assoir leur notoriété et/ou faire reconnaitre la qualité de leurs travaux par leurs pairs espèrent publier dans l’une de ses revues. Celles-ci vont en effet jouer pour beaucoup dans la communication associée aux résultats de l’étude et dans la perception de leur qualité par les pairs, un Graal d’influence scientifique en quelque sorte. Une telle image positive résulte notamment de la réputation exigeante et rigoureuse de leur comité de lecture. En effet, tout chercheur souhaitant publier son étude dans un journal scientifique doit la soumettre au préalable à une évaluation par un comité de lecture de pairs, appelée peer-review. Or selon la revue considérée, l’expertise de ce comité peut fortement varier. Le nombre de revues scientifiques est en effet pléthorique et leur niveau d’exigence très hétérogène, certains journaux allant même jusqu’à rémunérer des chercheurs pour publier.

Afin de discriminer le niveau scientifique des journaux, un système de notation a donc été créé en 1955 par Eugène Garfield, l’Impact Factor (IF), publié chaque année dans Journal Citations Reports (JCR). Le principe est simple : plus l’indice est élevé, plus la revue à l’origine de la publication est considérée comme scientifiquement rigoureuse. Il est calculé à partir d’un rapport entre le nombre de citations de cette revue par le corps scientifique au cours d’une année et le nombre d’articles publiés par cette même revue au cours des deux (IF à 2 ans) ou des cinq années précédentes (IF à 5 ans) indexés dans la base de données Web of Science (WoS). Attention, il ne s’agit toutefois que d’une évaluation moyenne. Les articles publiés dans une revue dont l’IF est élevé ne reçoivent en effet pas tous un grand nombre de citations, certains articles peuvent même n’en recevoir aucune. L’IF varie par ailleurs énormément d’un domaine scientifique à un autre. Il n’a donc de valeur que pour comparer des revues traitant du même sujet (exemple, la nutrition). Enfin, cet indice peut être manipulé, notamment en demandant aux auteurs de citer des articles provenant de la revue dans laquelle ils espèrent publier. A l’inverse, certains auteurs peuvent volontairement éviter de citer des publications issues de chercheurs « concurrents », voire influer sur la publication d’une de leurs études. C’est pourquoi l’IF peut davantage être davantage considéré comme un indicateur permettant de mesurer l’influence d’une revue, notamment lorsqu’elles sont généralistes comme Nature ou Science. Une étude publiée dans un journal à IF élevé ne représente donc malheureusement pas une garantie de haute valeur scientifique, elle peut tout à fait contenir des erreurs importantes ou être sujette à des conflits d’intérêts, comme nous le rappelle régulièrement l’actualité à l’image du désormais célèbre Lancet Gate. D’autres outils d’évaluation de la qualité des journaux scientifiques se sont donc développés en parallèle, à l’image de SJR, SNIP ou de Scopus. Toutefois, un article (paru dans Nature) le 7 Février 2021 révélait que 3% des publications présentes sur Scopus (voire 17% dans certains pays comme l’Indonésie), soit 160 000 articles en 3 ans, émanaient d’environ 300 journaux « prédateurs » venant polluer l’information par leur faible valeur scientifique1.

Anthony Berthou,

Source :

(1) Macháček, V.; Srholec, M. Predatory Publishing in Scopus: Evidence on Cross-Country Differences. Scientometrics 2021. https://doi.org/10.1007/s11192-020-03852-4.

Crédits photos : Les Echos, «The Lancet Gate» : saga d’une étude corrompue / The Oxford Review, Impact Factor

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