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Pourquoi allaiter et quelle alimentation choisir pendant l’allaitement ?

Posté le 9 Août, 2017 dans Articles Santé |

Pourquoi allaiter et quelle alimentation choisir pendant l’allaitement ?

Il s’agit d’une des principales questions que l’on se pose quand on apprend que l’on devient parent, parfois bien avant-même l’arrivée de Bébé. Faut-il allaiter ?  Au regard des multiples intérêts que procure l’allaitement, d’un point de vue strictement physiologique, la réponse parait évidente : Oui.  Pour autant, une telle affirmation peut vite apparaître délicate, voire particulièrement culpabilisante pour la maman ayant fait un choix différent ou pour qui l’allaitement n’est pas possible. En préambule, voici donc le premier conseil, le plus important : allaiter est une décision qui appartient avant tout à Maman, en toute liberté. Bien sur, Papa pourra apporter son regard, le médecin complétera par ses conseils, l’entourage les enrichira par son expérience. Ces regards sont à considérer. Toutefois, c’est bien Maman qui est concernée plusieurs fois par jour, pour vivre ce moment si unique, d’amour et de bonheur quand tout se passe bien, mais aussi parfois source de fatigue et de culpabilité.

Le lait maternel, un cadeau de la vie

Connaissez-vous un autre aliment dont la composition nutritionnelle est capable de se modifier au cours de sa consommation ? Le lait maternel a en effet cette incroyable propriété de s’enrichir en graisses et de réduire sa teneur en sucres au cours de la tétée pour favoriser la satiété de Bébé au fur et à mesure que le sein se vide. Il en est de même quand les tétées se rapprochent, au fil de la journée mais aussi de l’avancée dans l’âge de Bébé afin d’accompagner harmonieusement sa croissance.

Le Colostrum, le premier lait

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A peine remis de la découverte de ce nouveau monde après 9 mois paisibles dans le ventre de Maman, Bébé découvre alors un nouveau lien, celui du colostrum. Cet extraordinaire « breuvage » de la Nature permet à Bébé de bénéficier de l’immunité de Maman. Elle lui transmet en effet de nombreux anticorps lui permettant de se défendre efficacement dans ce nouvel environnement, sans compter sur la richesse du lait maternel en prébiotiques (galacto-oligo-saccharides), permettant au microbiote intestinal de Bébé de se développer favorablement. Quand on connaît l’influence déterminante de la flore intestinale sur le maintien d’une santé optimale au cours de la vie, on se dit que la nature est vraiment bien faite ! Le colostrum est par ailleurs riche en sels minéraux permettant à Bébé de mieux retenir l’eau, en enzymes facilitant la digestion, en facteurs de croissance et en vitamine E (1).

Le colostrum, de couleur jaune, est ainsi produit pendant 3 à 4 jours après l’accouchement.

Un lien maternel inégalable

Après environ neuf mois de nutrition exclusive grâce au cordon ombilical, boire le lait de Maman représente pour Bébé la continuité naturelle de son alimentation originelle. Ce lait contient en effet tous les nutriments dont il a besoin pendant les six premiers mois de vie, ce qui explique la recommandation parfaitement explicite de l’OMS visant à faire de l’allaitement l’alimentation exclusive de Bébé au cours des six premiers mois (2).

Mais aussi (et surtout ?) commence à se créer un nouveau lien psycho-affectif unique entre Bébé et sa maman…(3, 4).

La liste des propriétés du lait maternel pourrait être (très) longue… en toute logique. En voici les principales :

Le lait maternel est complet 

Il contient l’intégralité des vitamines, minéraux, oligo-éléments, calories, graisses, protéines et autres sucres dont Bébé a besoin, ce de manière évolutive au cours de la tétée et de la croissance. Il est en particulier riche en un acide gras particulier de la famille des oméga 3 – le DHA – essentiel au développement cognitif, physique et cardio-vasculaire de Bébé, ainsi qu’à la perméabilité de son intestin (5). L’organisme de Bébé incorpore environ 10 mg de DHA par jour au cours des 6 premiers mois, dont la moitié au profit de son cerveau (6). Il contient également d’autres sources d’acides gras importants au développement de Bébé, notamment l’acide arachidonique, ainsi que du cholestérol (7). Il possède par ailleurs tous les facteurs de croissance nécessaires au développement physique et cognitif de Bébé.

Le lait maternel protège Bébé des infections et des risques bactériologiques

Le lait transmet en effet les anticorps maternels et éduque le développement immunitaire de Bébé. A l’inverse, les laits artificiels qualifiés de « maternisés » augmentent les risques d’allergie, d’eczéma, d’asthme ou encore de dermatite atopique, du fait notamment de l’inadéquation entre la nature protéique de ce lait et l’immunité de Bébé (8). Le lait maternel protège également Bébé de manière optimale contre les infections digestives, des sphères ORL, pulmonaires, urinaires ou encore méningées (9). Le lait maternel contient également d’autres sources d’azote, notamment des nucléotides aux propriétés immunologiques démontrées (10). Les infections urinaires sont divisées par cinq chez les bébés allaités.  En clair, rien ne peut remplacer le lait de Maman pour permettre à Bébé d’acquérir une immunité optimale. Il en est de même concernant la prévention contre les risques de maladie cœliaque, mais aussi d’hypercholestérolémie ou encore d’hypertension à l’âge adulte.

Le lait maternel est particulièrement digeste.

Le lait maternel est parfaitement adapté à la maturité rénale, hépatique et intestinale de Bébé. Il limite ainsi ses gaz. Il contient également les enzymes (lactase, lipases) permettant de tolérer le lactose (environ 6,3g/100 ml et principal sucre du lait) et les graisses.

Le lait maternel régule la croissance

La croissance des bébés allaitées est moins importante la première année, ce qui apparaît comme un avantage en matière de prévention de l’obésité future (12).

Le lait maternel favorise le développement optimal du microbiote intestinal de Bébé, élément déterminant de sa santé à long terme.

Le lait maternel contient des prébiotiques spécifiquement adaptés à la flore de Bébé, les galacto-oligo-saccharides (GOS). Un nourrisson naît avec un intestin stérile (bien qu’une étude récente tende à remettre en question cette notion). Celui-ci va alors être colonisé en fonction des bactéries environnantes, en particulier issus des flores anales et vaginales de la maman quand l’accouchement se déroule par les voies naturelles (ce qui soulève le problème de l’accouchement par césarienne), mais aussi de l’environnement de Bébé et de son alimentation au cours des premiers mois. La qualité du lait maternel est telle qu’elle favorise en particulier l’implantation et la croissance des bifidobactéries (Bifidobactérium bifidum), facteur déterminant de la future santé de Bébé (11). Ces bactéries sont d’ailleurs à l’origine de la couleur jaune caractéristique des selles de bébés nourris au sein (et acides).

Le lait maternel réduit les risques d’obésité et de diabète

Compte tenu de sa composition , le lait maternel représente non seulement une des meilleures chances d’offrir à Bébé un poids optimal, mais aussi de le prévenir contre les risques de diabète de type I. Un tel bénéfice est attribué à la teneur en protéines du lait mais aussi à la capacité pour Bébé de réguler sa faim, qu’il acquiert alors naturellement. Le volume du biberon représente quant à lui une quantité conventionnelle que les parents ont tendance à considérer comme indispensable de terminer, favorisant alors la dérégulation de l’appétit de Bébé, qu’il connaîtra parfois aussi plus tard par la célèbre consigne « Finis ton assiette » ...

Le lait maternel protège Bébé de l’anémie

Le lait contient également une protéine spécifique, la lactoferrine, favorisant l’absorption du Fer par l’intestin. Par ailleurs, la nature du Fer présent dans le lait maternel est 5 fois mieux assimilée que la plupart des formes de Fer proposées dans les laits maternisés

Le lait maternel éduque le gout de Bébé

Le goût du lait évolue en effet en fonction de l’alimentation de Maman : quoi de plus merveilleux moyen pour que Bébé découvre les prémices de la diversité des saveurs alimentaires… ? Certains aliments véhiculant davantage de saveurs que d’autres, ils seront alors éventuellement à mettre de côté si Bébé y réagit défavorablement (voir conseils spécifiques).

Le lait maternel prépare la dentition et le développement maxillo-facial de Bébé

Allaiter semblerait réduire les risques de recours à un traitement orthodontique ultérieur.

Mais… le lait maternel n’est pas dénué de polluants

Bien que la présence de dioxine, de biphényles polychlorés (BPC) et de pesticides organochlorés soit en effet constatée dans le lait maternel, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère les bénéfices de l’allaitement bien supérieurs aux potentiels effets encourus (1).

En synthèse, le lait maternel possède des spécificités inimitables. Il permet à Bébé d’acquérir une immunité bénéfique tout au long de la vie, de protéger sa santé de nombreuses maladies métaboliques dont l’obésité et le diabète. Sa composition est parfaitement adaptée à l’immaturité digestive et rénale de Bébé, lui garantissant par ailleurs un développement physique et cognitif optimal tout en créant un lien unique avec Maman.

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Prévoir une supplémentation en vitamine D 

La teneur en vitamine D apparaît en effet insuffisante dans le lait maternel, notamment compte tenu du moindre ensoleillement des mamans en relation avec le mode de vie moderne. La supplémentation est donc systématique pour éviter tout risque d’hypocalcémie néonatale, que Bébé soit nourri au sein (1000 à 1200 UI/j, soit 4 gouttes de Zyma D). Ces valeurs sont proposées à titre indicatif et ne se substituent bien entendu pas au conseil du pédiatre.

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Allaiter protège la santé de Maman

Si l’allaitement profite à Bébé, Maman n’est en effet pas en reste:

Allaiter renforce l’attachement, en favorisant notamment la production d’ocytocine, la célèbre hormone de l’attachement.

Allaiter favorise la prévention du cancer de l’ovaire et du sein, notamment en pré-ménopause.

Allaiter permet de mieux réguler le poids suite à la grossesse. En effet, les besoins énergétiques sont similaires à ceux du troisième trimestre de grossesse.

Allaiter accélère les contractions de l’utérus, lui permettant ainsi de reprendre sa place plus rapidement après l’accouchement. En effet, Bébé naît biologiquement immature, il poursuit donc sa maturation en dehors de l’utérus maternel, en particulier grâce à l’ocytocine sécrétée au cours des tétées, qui réduit par ailleurs les pertes sanguines grâce aux contractions qu’elle provoque. La prolactine module quant à elle favorablement l’immunité.

Allaiter réduit les risques d’ostéoporose et de diabète de type II suite à un diabète gestationnel.

Allaiter peut représenter une contraception naturelle. Dans la plupart des cas, l’allaitement maintient une aménorrhée lactationnelle pendant les six premiers mois. Il peut donc constituer un moyen contraceptif naturel, en l’absence de règles bien entendu et à condition que l’allaitement soit exclusif, de jour comme de nuit, avec des délais courts entre chaque tétée. Ce point est donc à considérer avec la précaution nécessaire.

Allaiter est économique. Par nature, nul besoin de lait maternisé. Au prix significatif…

De tels bénéfices, autant pour Bébé que pour Maman, expliquent notamment que de nombreuses mamans font le choix d’allaiter, d’autant plus facilement qu’il est anticipé. En effet, 72% des mères allaitantes l’ont décidé avant même la conception, tandis que seulement 3% l’ont décidé au cours du 1er trimestre et 5% au cours des 2ème et 3ème trimestres (13).

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Source : Les apports en lipides chez l’enfant de moins de 3 ans en France. Mise au point et recommandations du Comité de nutrition de la Société Française de Pédiatrie.

 

La composition du lait change-t-elle en fonction de l’alimentation de Maman ?

La quantité de lait produite au cours de l’allaitement est en moyenne de 710 ml par jour au cours des deux premiers mois (en cas d’allaitement exclusif) et s’avère toujours suffisamment riche malgré ce qui a été évoqué pendant de nombreuses années, y compris par le corps médical, sauf en cas de dénutrition maternelle majeure, notamment en cas de régime végétalien mal mené depuis au moins 3 ans et de chirurgie bariatrique (sleeve, bypass). En cas de difficulté de lactation, certaines tisanes à base de fenouil, anis, fenugrec ou galega peuvent être consommées.

L’apport en oméga 3 sous forme de DHA issu des poissons gras modifie la composition nutritionnelle du lait. Une étude comparative met par exemple en évidence que le lait de femmes africaines consommant un régime riche en poisson contient en moyenne plus de deux fois plus de DHA que le lait de femmes vivant en pays occidentalisés (14).

Faut-il éviter certains aliments pendant l’allaitement ?

Les choux, légumineuses, ail, oignons, asperges et autres mets épicés, ont pendant longtemps eu mauvaise presse auprès des jeunes mamans, étant accusés à tort de provoquer des gaz ou ballonnements au bébé. Indépendamment de l’odeur potentielle donnée du lait, peu de lien sont toutefois été établis et il est rare que Bébé réagisse véritablement à ce qu’a mangé Maman (moins de 5% des bébés). Les autres aliments pouvant engendrer une réaction sont les œufs, les oléagineux, le blé, le poisson et le soja. Ainsi, si et seulement si vous constatez une réaction à un aliment, arrêter alors d’en consommer pendant au moins 48h pour qu’il soit totalement éliminé, certains aliments comme les produits laitiers pouvant demander jusqu’à 3 semaines. Tenter à nouveau d’en consommer et surveiller la réaction de votre bébé : s’il réagit à nouveau, supprimer définitivement l’aliment considéré.

Le chocolat contient également des molécules stimulantes pouvant passer le sang, dont la célèbre théobromine considérée comme responsable du bien-être procuré à la suite de la consommation de chocolat. Il ne s’agit pour autant pas de supprimer la consommation de chocolat bien entendu, toutefois une prise importante est à considérer.

Certains poissons gras, riches en métaux lourds, sont également à éviter, en particulier le thon blanc mais aussi le requin et autres espadon, marlin, lamproie, anguille, barbeau, brème, carpe, silure, lotte, bar, bonite ou empereur (et le caviar !). Les poissons crus et autres sushis sont parfois déconseillés, ce qui apparaît totalement injustifié. S’ils sont à éviter pendant la grossesse, il n’en est rien pendant l’allaitement dans la mesure où les agents pathogènes (virus, bactéries, parasites) ne sont pas transmis par le lait…

La bière contient du malt d’orge riche en béta-glucanes stimulant effectivement la production de prolactine. Toutefois, il est nécessaire d’en consommer de fortes doses pour obtenir un effet efficace, ce qui apparaît déconseillée au regard de la quantité d’alcool associée.

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Peut-on boire de l’alcool et du café pendant l’allaitement ?

La caféine, l’alcool et la nicotine de la cigarette se retrouvent dans le lait maternel, leur consommation est donc déconseillée pendant l’allaitement. Toutefois et sauf cas spécifique, boire 1 café par jour demeure tout à fait possible, de même pour le thé (2 tasses/jour). Attention aux excès de sodas contenant également de la caféine (sans parler de la charge glucidique associée) et aux boissons énergisantes (à éviter). La réaction à la caféine peut dépendre non seulement de sa métabolisation par la maman, mais aussi de la sensibilité du bébé, il n’existe donc pas de règle en la matière, si ce n’est la modération.

A noter que la concentration d’éthanol issue de la consommation d’alcool se retrouve en quantités résiduelles dans le lait, pouvant engendrer des effets sur le développement neuro-psychomoteur en période postnatale. Il faut par ailleurs compter environ 2 à 3 heures pour éliminer l’équivalent d’un verre d’alcool du lait maternel (durée très variable selon les mamans). Il n’y a actuellement pas de consensus, la France déconseillant clairement sa consommation alors que l’académie américaine de pédiatrie considère qu’une consommation modérée demeure compatible avec l’allaitement.

La nicotine pourrait quant à elle provoquer de l’irritation, des pleurs voire des insomnies à Bébé, mais là encore, aucun consensus scientifique clair n’est établi quant à l’arrêt total de la cigarette.

L’Institut national de santé publique du Québec a publié une synthèse des études portant sur l’exposition professionnelle aux substances chimiques pendant l’allaitement. Les résultats mettent en évidence des concentrations dans le lait maternel de plomb, de cuivre, de zinc, de PCB, DDT et de solvants organiques (Tétra-chloro-éthylène, dichlorométhane, disulfure de carbone, styrène, etc.) significativement plus élevées chez les travailleuses exposées par rapport à celles des femmes non exposées confirmant ainsi le passage dans le lait (15). Il en est de même pour le bisphénol A et l’hexabro-mocyclododécane (HBCD) communément utilisé comme retardateur de flamme dans les produits intérieurs et matelas… La grande liposolubilité et le faible poids moléculaire sont deux indices en faveur d’un passage favorisé dans le lait maternel, ce qui incite à la plus grande prudence vis-à-vis de ces toxiques et perturbateurs endocriniens (16). Leur élimination par le lait maternel et leurs effets sur le développement postnatal chez l’homme restent en effet insuffisamment documentés (17).

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Pendant combien de temps allaiter ?

Bien que la tendance actuelle soit à l’introduction plus précoce de la diversification alimentaire dans les pays occidentaux, l’OMS et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) recommandent toutefois, à travers une résolution datant de 2001, l’allaitement exclusif pendant les six premiers mois, puis la poursuite de l’allaitement jusque dans la deuxième année ou plus (18).

    1. Politique d’allaitement systématiquement formulée à tous les soignants
    2. Former les personnels soignants à cette politique
    3. Informer les femmes enceintes des avantages de l’allaitement maternel
    4. Aider les mères à commencer l’allaitement dans la ½ h suivant la naissance
    5. Aider les mères à allaiter même si elles sont séparées de leur enfant
    6. Ne donner aucune autre alimentation à l’enfant sauf prescription médicale
    7. Laisser l’enfant avec sa mère 24 h par jour
    8. Encourager la mise au sein à la demande de l’enfant
    9. Ne donner aucune tétine artificielle ou sucette aux enfants nourris au sein
    10. Adresser les mères dès la sortie d’hôpital ou clinique à des associations de soutien à l’allaitement maternel.

En France, la durée médiane de l’allaitement est de 17 semaines (soit environ quatre mois) contre 8 à 10 semaines dans les années 1990. 69% des femmes allaitent à la maternité, 54,4% un mois après dont 35,4 % de manière exclusive (12 thèse). La durée moyenne est en effet seulement de 3 semaines et demies selon une récente enquête (19). Selon cette dernière, à six mois, seul un enfant sur quatre est encore allaité et plus de la moitié d’entre eux consomme des préparations pour nourrissons en complément. À un an, ils ne sont plus que 9% à bénéficier encore de lait maternel. En comparaison, la durée d’allaitement est de 31 mois au Bangladesh, de 30 mois en Inde ou encore de 9 mois en Chine.

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Je me permets cette citation que j’emprunte à mon ami, le Dr Eric Sannier : « L’allaitement est une séquence nutritionnelle limitée (2 ans ?), dans un processus génétique continue. L’acte d’allaitement est une expérience comportementale qui met en jeu, la relation de la mère à son enfant, de la mère à elle-même et de la mère à la collectivité. Au sein de cette collectivité, les professionnels de santé ont un devoir de formation et une mission d’information. » 

Pourquoi Maman n’allaite-t-elle pas ?

Les raisons peuvent être multiples et bien entendu justifiées. Encore une fois Maman est la mieux placée dans ce choix. Le culte du corps incite par exemple de nombreuses mamans à se cacher en public. Le poids des médias n’est pas en reste non plus… Des campagnes de sensibilisation tentent bien de redonner toute sa place à ce geste à l’image de l’agence de communication Mother London ayant réalisé cette campagne choc à Londres récemment (voir photo ci-dessous).

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Source : Mother London

L’entourage, conjoint et/ou famille, peut apparaître autant comme un facilitateur qu’un répresseur à l’allaitement. La culture, ou plus simplement le rapport à la transgression entre la maternité et la sexualité, influent particulièrement le choix.

Le marketing et la promotion des géants du lait artificiel sont également de fortes sources d’influence, jouant parfois subtilement de croyances. Il suffit de se rendre dans les maternités et d’observer les efforts de ces marques auprès du corps hospitalier pour le constater… A croire parfois que le lait maternisé serait de meilleure qualité que le lait maternel.

Ce à quoi se rajoute une motivation économique ou professionnelle liée à la reprise du travail. Une raison physique peut aussi être à l’origine d’un arrêt d’allaitement (césarienne, fatigue, mastopathies …), voire un contre-indication médicamenteuse (voir tableau(20).

D’autres facteurs peuvent contre-indiquer l’allaitement : une infection par le VIH, la tuberculose, l’herpès en cas de lésion sur le mamelon, la galactosémie ou la phénylcétonurie chez l’enfant, etc.

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Peut-on allaiter en cas d’affection ?

Les pathologies aiguës (pulmonaires, bactériennes, ORL, digestives, etc.) ne représentent pas une contre-indication à l’allaitement. Au contraire, le passage des bactéries ou des virus ayant lieu avant les premiers symptômes, Maman semblerait devoir continuer d’allaiter pour transmettre les anticorps à Bébé (hormis en cas d’hépatite C ou de cytomégalovirus chez les prématurés).

Contre-indication médicamenteuses à  l’allaitement (non exhaustif) :

Amiodarone

Agents antinéoplasiques, cytotoxiques

Chloramphénicol

Ergotamine (alcaloïde de l’ergot de seigle)

Cafergot (migraines)

Sels d’or

Lithium

Phenindione

Rétinoïdes (et hautes doses de vitamines A)

Tetracyclines (si durée > 3 semaines)

Ciprofloxacine

Pseudoéphédrine

Acide acétylsalicylique à haute dose

« Le sevrage est l’arrêt du temps de l’intrication des corps de la mère et l’enfant. C’est un travail de perte, de séparation, de deuil : Un charme se rompt, les corps s’éloignent, l’arrivée du langage se prépare, l’échange prend place. C’est un véritable travail de transformation physique et psychique qui s’opère. La décision du sevrage se précède le plus souvent d’un long travail d’anticipation, qui doit commencer très tôt, quelques fois au moment même du choix d’allaiter ou non. » (21)

A suivre prochainement, mon article détaillé précisant comment choisir son lait maternisé en cas de souhait de ne pas allaiter.

Par ailleurs, retrouvez tous mes conseils sur la diversification alimentaire de Bébé.

Anthony Berthou

Références :

[1] Physiologie de la lactation. Disponible sur http://www.uvmaf.org/UE-obstetrique/lactation/site/html/cours.pdf [cité 18 nov 2013]                 

[2] http://www.who.int/features/factfiles/breastfeeding/facts/fr/            

[3] Comité de Nutrition de la société Française de Pédiatrie . Alimentation de l’enfant en situations normal et pathologique . 2ème édition . Doin éditeurs: 2012 .                                    

[4] Jean-Charles Picaud – Allaitement maternel et lait maternel : quels bénéfices pour la santé de l’enfant – Nutrition clinique et métabolisme – 2008 – vol 22. n°2 . 71 – 74 .                            

[5] Houeijeh A, Aubry E, Coridon H, et al. Effects of n-3 polyunsaturated fatty acids in the fetal pulmonary circulation. Crit Care Med 2011;39:1431-8.                                                                 

[6] Cunnane SC, Francescutti V, Brenna JT, et al. Breast-fed infants achieve a higher rate of brain and whole body docosahexaenoate accumulation than formula-fed infants not consuming dietary docosahexaenoate. Lipids 2000;35:105-11.                                                                                               

[7] V.Rigouard et al. Allaitement maternel : bénéficess pour la santé de l’enfant et de sa mère – Journal de pédiatrie et de puériculture – 2013. 26 .90 – 99    .                                                

[8] A.M.M. Sonnenschein-van der Voort, V.V.W. Jaddoe, R.J.P. van der Valk, S.P. Willemsen, A. Hofman, H.A. Moll, J.C. de Jongste, L. Duijts ; Duration and exclusiveness of breastfeeding and childhood asthma-related symptoms Eur Respir J erj01781-2010; published ahead of print 2011, doi:10.1183/09031936.00178110 .          

[9] Ladomenou F, Moschandreas J, Kafatos A, Tselentis Y, Galanakis E; Protective effect of exclusive breastfeeding against infections during infancy: a prospective study. Arch Dis Child. 2010 Dec;95(12):1004-8.       

[10] Buck et al . and  Schaller et al . Study of nucleotides . pediatr Res : 2004.           

[11] Eugenia Bruzzeuse et al . A formula containing galacto-and fructo-oligosaccharides prevent intestinaland extra-intestinalinfection : an observational study . 2008 .       

[12] Kuchen A. Rückstände von Umweltkontaminanten in Lebensmitteln. In: Eichholzer M, CamenzindFrey E, Matzke A et al., eds. Fünfter SchweizerischerErnährungsbericht. Bern: Bundesamt für Gesundheit, 2005:389-402.           

[13] K Beermann, « The Effectiveness of Prenatal Education on Breasfeeding Initiation and Continuation Rates », Avril 2011 .        

[14] Kuipers RS, Luxwolda MF, Dijck-Brouwer DA, et al. Estimated macronutrient and fatty acid intakes from an East African Paleolithic diet. Br J Nutr 2010;104:1666-87 .

[15] Goulet L, Lapointe G. Recension des écrits sur la contamination du lait maternel par des substances chimiques présentes en milieu de travail. Institut National Santé Publique du Québec. 1trim2004. inspq.qc.ca/   .      

[16] Brucker-Davis F. Polluants environnementaux dans le lait maternel et cryptorchidie. Gynecol Obstet Fertil 2008;36: 840–7.          

[17] Saillenfait A.-M, Laudet-Hesbert A. Phtalates (I et II). EMC. (Elsevier SAS, Paris), Toxicologie-Pathologie professionnelle, 16-051 Arch Mal Prof Environ 2009;70:550–7.Bisphénol A. Effets sur la reproduction. Expertise collective Inserm Paris 3 juin 2010.         

[18] World Health Organization. The optimal duration of exclusive breastfeeding. Report of an expert consultation. Geneva, Switzerland. 28–30 March 2001.                                                   

[19] http://www.terrafemina.com/vie-privee/famille/articles/10206-epifane-une-etude-pour-comprendre-lalimentation-des-nourrissons.html  .           

[20] C. Britton, « Breasfeeding : a natural phenomenon or a cultural construct? » extrait de « The Social Context of Birth » Oxford : RadCliffe Pubishing .           

[21] Dominique Blin, « sevrage physique, sevrage psychique », l’allaitement maternel : une dynamique à bien connaître, ERES, 2003, p.281-283.            

 

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