Il suffit d’observer le nombre de magasins spécialisés et les rayons des supermarchés pour constater que la vente de produits alimentaires d’origine biologique a explosé ces dernières années. Elle est passée de moins de 20 milliards de $ en 1999 à plus de 133 milliards d’euros dix ans plus tard. Selon l’Agence Bio, en 2020 la valeur des achats a progressé en France de 1,4 milliard, soit une croissance de +10,4% par rapport à 2019 pour atteindre 13,2 milliards d’euro1. En quinze ans, le marché a été multiplié par sept. La France est désormais le troisième pays producteur de bio en Europe derrière l’Allemagne et l’Italie. La part de l’agriculture bio dans la surface agricole totale est passée de 6,5% à 7,5% au cours de la même période. Les Français sont en effet bien conscients de l’importance de privilégier des produits de qualité. 83% d’entre eux estiment que les produits bio sont meilleurs pour leur santé et 87% qu’ils préservent davantage l’environnement. Pour autant, plus de 6 Français sur 10 auraient des doutes quant à la fiabilité du label bio. Une obligation de moyen et non de résultats Au sein de l’Union Européenne, le logo de la feuille constituée des étoiles européennes (Eurofeuille) est le seul logo officiel depuis 2010, contrairement à ce que croient de nombreux Français identifiant le label AB comme étant la référence. Ce dernier...
Lire la suiteQue penser des pesticides bio et du biocontrôle ?
Si l’agriculture biologique n’utilise pas de produits chimiques de synthèse, cela ne signifie pas qu’elle n’a pas recours à des substances actives. Alors, que faut-il penser des pesticides « bio » et de ce que l’on appelle le biocontrôle ? Voyons tout ceci. La réglementation des pesticides bio Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, la réglementation de l’agriculture biologique autorise le recours à certains composés phytosanitaires. Environ 27 % des pesticides vendus en France sont utilisables en agriculture biologique, à l’image du phosphate aluminocalcique, du sulfate de magnésium, du chlorure de sodium ou encore du polysulfure de calcium. Selon la fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique (IFOAM), ces composés peuvent être utilisés dès lors qu’ils ont « fait l’objet d’une autorisation d’utilisation dans la production biologique » et doivent provenir essentiellement de « substances naturelles ou substances dérivées de substances naturelles»1. Toutefois, dans certains cas qualifiés « d’exceptionnels », il peut s’agit d’intrants chimiques de synthèse2. L’Europe a défini une liste de 77 substances autorisées, intitulée « Candidats à la substitution »3. En d’autres termes, ces composés sont autorisés tant qu’il n’existe pas de solutions alternatives validées par les autorités. On peut ainsi citer l’hydroxyde de calcium (ou chaux éteinte), l’huile de paraffine (issue du pétrole) et les fameux composés à base de cuivre. La bouillie bordelaise Les composés à base de cuivre (hydroxyde de...
Lire la suiteQuels sont les effets des pesticides sur la santé ?
Les pesticides sont désormais reconnus comme des substances susceptibles d’augmenter les risques de cancer, de troubles neurologiques et du comportement, de diabète de type 2, de baisse de fertilité, d’atteintes du développement du fœtus ou du jeune enfant1, chez les animaux voire pour certains chez l’homme. Voyons tout ceci plus en détails. Des composés intermédiaires parfois plus toxiques que les pesticides eux-mêmes Une étude de 2018 a été réalisée sur des rats exposés pendant un an à 6 pesticides différents présents sur les pommes à des doses considérées comme tolérables2. Une résistance à l’insuline est apparue après 4 mois, un surpoids chez les mâles après 6 mois et, après un an, leur poids avait doublé. Ils présentaient en effet une insulino-résistance et une atteinte hépatique (stéatose). Les effets métaboliques se sont avérés moindres chez les femelles, mais les auteurs ont relevé un stress oxydatif important associé à une altération du microbiote intestinal. Une récente revue systématique a par exemple mis en évidence les effets de nombreux pesticides (organochlorés, organophosphorés, dichlorodiphényl trichloroéthane (DDT), les glyphosate, carbamates) sur l’équilibre bactérien3. Réciproquement, d’autres études ont quant à elles identifié une influence du microbiote sur la toxicité des pesticides4,5. Les bactéries sont en effet capables de métaboliser certaines de ces substances et ainsi de moduler leurs effets sur l’organisme. De même, la dégradation des pesticides par le foie peut générer des composés intermédiaires...
Lire la suite+ 23 % de ventes de pesticides en France en 2020
Il y a quelques jours, en plein débat polémique sur la situation sanitaire, j’ai découvert ce chiffre passé sous les radars de la plupart des grands media Français. Déjà en 2018, j’avais pu lire que les ventes de pesticides en France avaient augmenté de 24 % par rapport à l’année précédente. Deux justifications avaient été apportées : les mauvaises conditions climatiques et l’anticipation de nouvelles taxes. Pour autant, après un recul logique en 2019, la croissance est repartie de plus belle alors que le débat environnemental est au cœur des enjeux à venir, y compris politiques. L’occasion de réaliser un petit état des lieux. Que sont les pesticides ? Composés phytosanitaires ou produits phytopharmaceutiques. Derrière ces termes diplomates se cache l’ensemble des pesticides utilisés par l’agriculture. Pour bien comprendre l’objectif de ces composés, il suffit de s’intéresser à l’étymologie du mot pesticide. Celui-ci provient de l’anglais pest- désignant les animaux, insectes ou plantes considérées comme « nuisibles » (par et pour l’homme) et du latin pestis, signifiant la maladie contagieuse associé au suffixe -cide (tuer). Tout y est dit. Après le feu et les armes, la prédation de l’homme passe désormais par sa maîtrise de l’agrochimie. Ces composés peuvent être d’origine minérale (ex : le sulfate de cuivre) ou organique (ex : les carbamates), naturelle (ex. Bacillus thuringiensis) ou chimique (ex. : glyphosate). Leur liste est interminable : antigerminatifs, herbicides ou désherbants, fongicides, bactéricides, acaricides, insecticides, répulsifs, régulateurs de...
Lire la suiteSaumon d’élevage, sauvage ou bio : lequel choisir ?
Si vous êtes friand du saumon, sans doute vous êtes-vous posé cette question. Voyons tout ceci en détails Saumon sauvage ou d’élevage ? Selon les océans, plus ou moins pollués, les différences de contamination peuvent être significatives. Un saumon sauvage provenant du Pacifique contient par exemple moins de PCB que son congénère de l’océan Atlantique. Le saumon sauvage issu de mers propres (ex. USA, Chili) est environ 10 fois moins contaminé en DDT et dioxines que le saumon issu de mers contaminées (notamment européennes)1,2. L’exemple le plus parlant étant celui de la mer Baltique. Celle-ci est tellement polluée que la pêche au saumon sauvage y est interdite. Concernant le mercure, les différences semblent peu significatives 3, à l’exception du saumon sauvage d’Alaska, particulièrement contaminé4. Concernant les métaux lourds, les taux d’arsenic, mercure, cadmium, cobalt et cuivre sont apparus plus élevés dans les saumons sauvages que d’élevage3,5. Concernant les pesticides dans les saumons d’élevage, le seul résidu retrouvé – le DDE – n’est présent qu’en très faible quantité. D’une manière générale, la présence de biocides dans les saumons d’élevage a en effet diminué grâce à la mise en place de techniques alternatives (poissons nettoyeurs et vaccination)6. Au niveau nutritionnel enfin, le saumon sauvage contient moins d’oméga 3 que le saumon d’élevage (jusqu’à 4 fois moins) mais aussi moins d’oméga 6. Au final, le ratio oméga 3/ oméga 6 apparait...
Lire la suiteDevez-vous avoir peur de manger des œufs chaque jour ?
« Si je mange un œuf tous les jours, n’est-ce pas problématique pour mon cholestérol ? Mon médecin m’a toujours dit de ne pas dépasser 3 œufs par semaine ». Je pense que cette question est celle qui m’a été le plus fréquemment posée depuis que je réalise des conférences et des formations. Car, en effet, quelle personne présentant un excès de cholestérol n’a pas reçu comme conseil de faire attention à sa consommation d’œufs ? A en croire les recommandations encore d’actualité pour certains, il serait nécessaire de réduire sa consommation à 2, voire 3 unités par semaine maximum au risque de voir sa cholestérolémie grimper et les complications cardiovasculaires associées apparaître. Malgré tout, l’œuf garde une place centrale dans l’alimentation de nombreuses populations, y compris des français. En 2018, 98% en consommaient selon le syndicat interprofessionnel des œufs (217 par an en moyenne). Conséquence inattendue du confinement, celui-ci a fait s’envoler les ventes d’œufs en France, avec une croissance de 15% au cours des sept premiers mois de 2020, contre 2% habituellement. Bémol important, en France, 47% des poules sont encore élevées en cage contre 18% d’origine biologique (bien que le mode d’élevage apparaisse officiellement comme le principal critère de sélection des œufs). Un auteur culinaire français du XVIIIème siècle, Menon, disait déjà de l’œuf qu’il « est un aliment excellent et nourrissant que le sain et le malade, le pauvre et le riche partageaient ensemble...
Lire la suite